Quand l’astre de mes jours (pas Monlolo, hein, le soleil…) se décide enfin à pointer le bout de son nez en ce mois d’août automnal, ni une ni deux, l’Ours Brun, la mini dragonne à couettes et moi-même embarquons fissa dans la calèche pour aller faire un tour au grangeon.
« Au quoi ? » t’entends-je déjà éructer du fin fond du devant de ton écran.
Au grangeon, c’est-à-dire une « cabane » en pierre dans les vignes de ma région, qui sert (ou servait) à entreposer le pressoir, la cuve et tout le matériel nécessaire à l’entretien du vignoble, et aussi accessoirement à boire des canons et à se faire des bouffes. C’est surtout ces deux dernières utilisations qu’on a pérennisé, en ce qui nous concerne.
15 m² datant du milieu du XIXème qu’on a retapés depuis août 2003, tout en pierres apparentes, avec désormais une tonnelle et la vigne qui va bien poussant dessus pour faire de l’ombre, quelques arbres fruitiers servant surtout à nourrir nos amis les bêtes, quelques fleurs pour nourrir nos amis abeilles et papillons, pas d’eau ni électricité, ambiance jadis-naguère bien reposante.
Donc hier, en fin d’après-midi, hop ! la glacière sous le bras, nous y sommes allés. Pendant que le mâle dominant faisait le feu, laissant remonter librement ses instincts néanderthaliens, je jouai avec Crapouillette Ière, retrouvant immanquablement mon âme d’enfant (et non, ce n’est pas si loin que ça, vain zou !) en lui fabriquant des petits bonshommes en pommes du Japon et brindilles.
Après une bonne demi-heure à jouer à « la famille Pomme fait du bateau », et constatant que Rahan fils de Crao avait quand même un peu de mal à allumer le barbecue avec du bois mouillé, moi-même, Arsinoe fille de Braco, et Crapouillette Ière, fille de Croâ, décidâmes d’aller nous promener à travers la verdoyante et riante campagne portenawakaise.
Armée de mon iPhone 4 que je nomme affectueusement mon Schmilblick, car « Il tient dans la main, il tient dans la main », nous partîmes main dans la main avec ma dragonnette à couettes le long des chemins de traverse (on se croirait dans une chanson de Cabrel… Sans parler de la cabane au fond du jardin au grangeon…)
Nous fîmes une halte pour allez caresser le fotouffe préféré de Crapouillette Ière.
Euh, un fotouffe n’est pas un animal bizarre endémique de Portenawak Republic, mais le nom qu’a inventé ma fifille pour désigner un arbre mort.
Elle est comme ça.
Depuis qu’elle sait parler, elle invente des mots qui désignent parfois des concepts.
Par exemple, l’adjectif « maheux », qui qualifie ce qui est à la fois doux et poilu (ça vient du chat qui fait « maheu » au lieu de « miaou » chez nous…). Un balai, du tabac à rouler, du gruyère râpé, un pissenlit en boule de neige… sont maheux (je te laisse chercher d’autres exemples tout seul, je pourrai devenir graveleuse…).
Ou alors l’adjectif « goinfru » pour ce qui est touffu et piquant (une plante goinfrue, par exemple, des orties, ou encore son Pépé…).
Dans la même veine, nous avons les paquitonnes, qui sont des extraterrestres avec une seule corne, et Pétrironge, le nom de baptème de sa perruche en plastique.
A part ça, ça va, elle cause bien la France.
Mais revenons-en au fotouffe de ma disciple d’Idefix.
Photo somme toute banale, mais avec l’appli Instagram, voilà ce qu’on peut en faire.
Sympa, quand même, hein ?
Après avoir caressé le tronc carbonisé par la foudre du fotouffe et fait sauter quelques sauterelles en nous ébrouant dans les herbes hautes, nous continuâmes notre petit bonhomme de chemin, sans cesse éblouies par la beauté environnante (et éblouies tout court, car on cheminait vers l’ouest…)
Je me tais un instant que tu puisses contempler ces chefs d’oeuvre (en toute modestie, tu me connais…)
Nous rentrâmes enfin au grangeon déguster le bon repas préparé par Monlolo sur le barbecue qu’il avait enfin réussi à allumer, avant de partir refaire une promenade en famille.
Elle est pas belle, la vie ?
(article vain et contemplatif, mais je m’en fiche, j’ai trop bien aimé cette journée, je voulais l’immortaliser d’une manière ou d’une autre !)