Ce soir, dans le cadre des vendredis rock’n’blog de Maman Bobo, je vais te parler de la chanson et de l’artiste qui ont changé ma vie à jamais. Ni plus ni moins.
Cette révolution date de l’été de mes 13 ans. A l’époque, j’écoutais forcément les daubes qui passaient à la radio, mes parents n’étant pas franchement branchés musique. La seule personne qui aimait ça dans mon entourage proche, c’était ma Mémé, mais comme elle était très fan de Michelle Torr et de Jacques Lantier, de Sacrée Soirée et de La Chance aux Chansons, ça bridait quand même mon penchant rock’n’roll…
Toutefois, comme je zonais en permanence chez elle, c’est tout naturellement là-bas que j’affutais mes esgourdes. Et ce fameux été 87, si je n’m’abuse (c’est que ça commence à faire longtemps, ma pauv’ dame…), sur la 2, il y avait une émission présentée par Didier Barbelivien, alors au faîte de sa gloire (ça me fait bizarre d’écrire des trucs pareils…). Chaque soir, il invitait une star de la chanson française, star qui choisissait ses 5 morceaux préférés pour nous les faire découvrir. Et ce fameux jour, le convié en un seul mot était Michel Sardou (rhô, deux gros mots dans la même phrase, ça fait beaucoup). Comme quand on est jeune, on est con, je l’aimais bien. J’ai bien évidemment regardé, et là, j’ai pris la plus grande baffe musicale, voire baffe tout court de ma vie, car Môssieur Sardur avait choisit entre autres titres « Born in the USA » de Bruce Springsteen.
Le plus beau cul du rock…
J’en suis restée coite (un exploit pour la Crapaude que je suis), la bouche béante (normale pour la Crapaude que je suis), un mince filet de bave pointant à la commissure droite de mes lèvres (je bave toujours à droite, c’est comme ça.) Je suis devenue dingue, je voulais piétiner les 33 tours du sus-dit Sardou avec une paire de talons aiguilles, jouer au frisbee avec mes 45 tours de Gold et Desireless, brûler mes cassettes de Jean-Pierre Mader et des Forbans (mais quand même garder celles de Johnny Clegg and Savuka sous le coude, sait-on jamais…).
Je me suis alors fébrilement emparée du catalogue de France Loisirs qui trainait par là (notre seul lien avec la culture dans cette France profonde provinciale, populaire et campagnarde des 80’s) et je l’ai compulsé fiévreusement jusqu’à trouver mon Graal : le triple live 75-85, qui coûtait une petite fortune. J’ai filé à la maison compter les sous dans ma tirelire (Hosanna, la somme y était !!!), et suis revenue au bord de l’hystérie prier ma mémé de me commander ce joyau, steplait-steplait-steplait-tout-de-suite-si-tu-veux-je-ferais-même-les-vitres.
Compte tenu des délais postaux de cette époque post-médiévale du siècle dernier, il me faudrait attendre une bonne quinzaine de jours avant de recevoir mon précieux. J’étais au bord de la crise de catatonie, de la dépression nerveuse, l’été me semblait morne, je ne supportais plus le moindre braillement sortant de la bande FM.
La crise avait commencé.
Et elle n’a jamais fini.
Et je prie Bruce (mon Dieu, quoi) qu’elle ne finisse jamais.
Allez, je te laisse avec le Boss, chantant « Born in the USA », qui n’est pas du tout un hymne patriotique reaganien républicain-de-mon-cul comme ça a souvent été dit par des journaleux français de merde, mais plutôt une chanson ambiance « Born on the 4th of July » (l’autobiographie de Ron Kovic -que Springsteen a lue à sa publication en 1974- avant d’être le film d’Oliver Stone avec Tom Cruise), sur les vétérans du Viet Nâm laissés pour compte à cette époque (1984).
« Born in the USA »
Born down in a dead man’s town The first kick I took was when I hit the ground You end up like a dog that’s been beat too much Till you spend half your life just covering up Born in the U.S.A. Got in a little hometown jam Born in the U.S.A. Come back home to the refinery I had a brother at Khe Sahn fighting off the Viet Cong He had a woman he loved in Saigon Down in the shadow of the penitentiary Born in the U.S.A. |