Comme tu le sais peut-être ou pas, je suis maîtresse d’école. Du masculin « maître d’école » comme Coluche dans le film éponyme.
Mais alors vraiment dans le même style, quoi. Le coup du poulet aux hormones, j’aurais pu le faire.
Genre, j’avais acheté « Le Guide du Zizi Sexuel de Titeuf » pour le mettre à la bibliothèque dans ma classe unique (du CP au CM2). Ca avait révolté des collègues, qui ne jugeaient que sur la jacquette qui fait pas le moine, car ils ne l’avaient même pas lu. Et il est très bien fait, ce livre, notamment pour tout ce qui a trait à la pédophilie, l’inceste, la maltraitance… Les gosses devaient être âgés de 9 ans révolus pour pouvoir l’emprunter. Je te dis pas l’engouement autour !!! Un peu comme avec le livre empoisonné dans « Le Nom de la Rose »… Mais au moins ils lisaient, et ils apprenaient des trucs !!!

Bref.
Toutes ces digressions pour te dire que je suis maîtresse d’école (bis), mais qu’en ce moment, et pour la deuxième année, je ne travaille pas au sein d’une classe, mais de l’Inspection de Circonscription (le bébé de l’Inspection Académique du département). Et ce dans le cadre d’un PACD (Poste Adapté de Courte Durée) pour raisons de santé. Si tu as déjà arpenté les méandres de ma Mare, tu sais qu’il m’est arrivé des gros pépins avec mes boyaux et tripes en même temps que la naissance de Crapouillette Ière, qui va fêter bientôt ses 5 ans.
Depuis, j’ai grosso modo passé 4 ans en longue maladie, mais avais essayé de reprendre une classe à la rentrée 2008. Des CE2 très sympas, dans une école énorme (moi qui venais d’enseigner 2 ans en classe unique et qui adorais ça, j’y ai trouvé rude…) avec des collègues avec lesquels j’ai pas accroché. J’ai tenu 3 mois, et j’ai fini dans un état lamentable. « Asthénie sévère » et « épuisement » figuraient sur mes arrêts de travail. Eh oui, c’est très crevant, comme boulot, malgré la rumeur institutionnalisée qui prétend le contraire !
Alors, depuis la rentrée 2010, je bosse dans un bureau. J’ai commencé à mi-temps, pour arriver à un 3/4 temps actuellement. Mais la grande nouveauté de cette année, c’est que je vais me refrotter à des élèves pour voir si je suis capable de résister aux divers microbes, bactéries, mycosités, eczémas, impétigos, et cochonneries diverses que les morveux aux chandelles vertes véhiculent et partagent allègrement.
Plof, un truc visqueux vert…
Froutch, un machin gluant jaunâtre…

Et ce matin, eh ben c’était MA rentrée !
Le baptème du feu !
Institutor, le-Retour-de-la-Vengeance-du-Fils-de-la-Mort-qui-tue !
Je me suis retrouvée à faire la classe à des Moyenne Section (4 ans) pendant que leur maîtresse amenait ses CP à la piscine.
Même pas peur, dis donc !
J’étais même stressée de pas être stressée, t’y crois, ça ?
Bon, ça m’a pas empêchée de faire mes cauchemars habituels de rentrée, avec moi en retard, moi sans fiches de prép’, moi à poils, des collègues qui me bizutent en me laissant toute seule dans l’école, avec des gamins que Voldemort à côté, c’est Angélique Marquise des Anges.

Mais bon, tout s’est bien déroulé, même que Crapouillette Ière a même pas pleuré ce matin quand je l’ai posée à la garderie !!! Rhâ lovely, et un putain de grand merci à sa maîtresse qui l’a chopé entre quatzyeux et a manifestement su trouver les mots !
Donc, cool. 18 minots sympas, qui brassouillent un peu, mais c’est normal, c’est des gosses.
Toutefois, ça faisait pas un quart d’heure que j’étais dans la classe, on était au coin regroupement, eux sur les bancs, moi sur une mini-chaise où j’ai eu du mal à caser mon popotin (autant te dire que ce dernier mot est un euphémisme…) que je les voyais qui me lorgnaient attentivement les pieds.
Pourtant, j’étais sure de les avoir lavés, ce matin…
Mes spartiates en cuir naturel Kickers étaient jolies, je m’étais épilé les guiboles, dont les mollets dépassaient de sous mon boyfriend retroussé…
Jusqu’à ce que le plus hardi se décide :
« Maîcresse… (bien insister sur la prononciation et la durée (5 secondes minimum) du son « è ») »
« Oui, Roger ? » (*)
« Pourquoi t’as de la peinture jaune sur les pieds ? »
« Keouâ ??? », m’invectivai-je violemment en mon for intérieur, « me serais-je déjà inopinément renversé de la gouache sur les arpions ??? »
Ah ben en fait non, ce n’est que mon vernis à ongles jaune piqué à ma soeur suite à la fièvre jaune chopée chez Arwen !!!

Ou encore démonstration magistrale : comment pondre un article à la con pour alimenter son blog quand on n’a pas d’inspiration !!!
Mais bon, j’aime bien ces petits mots d’enfants, c’est ce qui fait un peu le sel du métier, et je suis trop contente de les avoir retrouvés !!! Je voulais simplement partager ma joie avec toi, ô lecteurtrice !
PS: bientôt en exclusivité intersidérale sur mon blog, les photos de ma manucure avec le OPI jaune gagné sur Chiffons & Co suite à l’infection par la sus-nommée fièvre jaune !!!
(*) Tu noteras au gré de mes billets estampillés Eduknat que mes élèves ont des noms très vintage…