Pourquoi il faut arrêter d’enseigner les langues étrangères à l’école primaire

Non non, ne te bile pas, je ne vais pas te pondre une diatribe pédagogico-didactico-chiante en 3 points thèse-antithèse-synthèse sur notamment la non spécialisation en LVE (ni dans une autre matière d’ailleurs) (puisque justement on est censé être des « généralistes ») de la majorité des professeurs des écoles, ni sur leur manque de formation ! C’est les vacances, Diantre, la maîcresse que je suis fait relâche, à bas les heures supp’ !!!

Source: edudemic.com via Arsinoe on Pinterest

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Je vais simplement illustrer mon propos en te contant une petite histoire, qui m’a été rapportée par ma tante, qui a 5 ans de moins que moi, et m’a donc pondu deux cousins germains de 7 et 9 ans (ah là là, les grandes familles…)

Mes deux cousins ont donc pour copains deux frangins du même âge qu’eux, des brothers, même, puisqu’ils sont à moitié british, et donc parfaitement bilingues.

Source: nytimes.com via Maggie on Pinterest

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L’autre soir, ces deux kids rentrent de l’école avec leur livret d’évaluation trimestriel, et le présentent à leur mother, leur petite mine déconfite.

– Beute ouatsse de mateure, tchildreune ?

– On est les plus nuls de la classe en anglais…, dirent les enfants, les yeux plein de larmes.

– Ouate ? Beute itte iz note possibeule, you are innegliche !

(ouais je sais, on se croirait dans « La Grande Vadrouille »)

– Mais si, regarde, on a des mauvaises notes…

– Beute ahaut coude zisse appeune ? Ouaille donte you annesoeur correctelie ?

Mais c’est parce que quand la maîtresse elle nous pose des questions en anglais, ben on comprend rien à ce qu’elle dit !!!

Caliméro a bien raison

Comme tu le sais peut-être ou pas, je suis maîtresse d’école.

Cela étant, comme j’ai eu pas mal de problèmes de santé ces cinq dernières années (voir ici ou , entre autres), je n’exerce plus vraiment mon métier. Actuellement et pour la deuxième année consécutive, je bénéficie d’un poste adapté pour raison de santé à l’Inspection de Circonscription, où je fais du travail administratif (qui me va bien et qui mine de rien est intéressant). Mais dans l’optique de reprendre une classe à terme (ce que je doute pouvoir faire…), j’interviens dans les classes de l’école la plus proche de l’IEN (Inspection de l’Education Nationale, friande de sigles et acronymes divers et variés…) où je prends des petits groupes d’élèves pendant la classe, notamment en renfort pour la lecture, la compréhension etc.

L’école où je travaille accueille un public « défavorisé », comme on dit. Je n’ai enseigné en tout et pour tout que 3 ans, et j’avais toujours travaillé dans des écoles rurales, et notamment en classe unique, là-haut, dans la montagne à 850 m d’altitude à 15 mn de chez moi, avec 18 élèves de 6 à 12 ans… J’adorais. Mais compte-tenu de mes maladies à la con, j’ai dû lâcher cette classe à contrecoeur, pour des raisons évidentes de charge de travail (énorme) et de responsabilité (j’étais vraiment toute seule, quoi !).

Cette année, je suis donc confrontée à des situations inconnues pour moi, comme les ENAF (Elèves Nouvellement Arrivés en France, et donc non francophones, en général), les demandeurs d’asile, une misère sociale, financière et intellectuelle prègnante.

Qu’on se comprenne bien, je ne dis pas cela de manière condescendante. Mais quand on habite dans un département rural où le taux de chômage « n’est que » de 6.5%, que l’école où l’on intervient est dans la troisième plus grande ville du département avec 12000 habitants (énorme !!!), et qu’à 3 km grand maximum on peut trouver des prés avec des vaches, des champs, des bois avec sangliers, chevreuils ou lynx, il est assez déroutant de constater que 20% des élèves de CP ne savent pas ce que signifie le mot « campagne », et que même avec des explications, ils n’arrivent pas à en appréhender le concept. Je me sens donc régulièrement assez désarmée face aux réactions de certains élèves, mais d’un autre côté, j’apprends énormément, ce qui est un des plaisirs de ce métier.

Je suis également épatée par le comportement de certains élèves, notamment des enfants non-francophones qui vivent dans des situations particulièrement précaires. Malgré cela, ils arrivent à l’école motivés comme j’avais jamais vu un élève l’être, attentifs, volontaires, habillés de bric et de broc, certes, mais toujours propres, soignés, coiffés, ce qui est loin d’être le cas de tous les enfants, malheureusement… Leur matériel est toujours rangé et nickel, ils en sont hyper respectueux, tout comme des adultes en général. Parmis eux, S*** et G*** me touchent énormément.

Mais l’autre jour, alors que S*** est toujours très attentive et volontaire pendant les cours, elle était complètement ailleurs durant l’exercice de compréhension du concept de « campagne ». Je me suis dit « Elle doit être freinée par sa compréhension de la langue, elle a dû décrocher, ce matin ». La séance finie, j’en parle à la maîtresse titulaire comme à chaque fois que j’interviens. Et là, elle m’apprend que c’est le dernier jour de S*** à l’école, que sa famille est expulsée.

J’ai senti les larmes de colère me monter aux yeux, ce qui n’a pas dû échapper à la maîtresse, qui m’a vite précisé qu’ils n’étaient pas expulsés de France, mais « seulement » du CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile) où ils logeaient, vers un autre à 100 bornes d’ici.

Je trouve ça dégueulasse. La petite était très impliquée dans les apprentissages, faisait d’énormes progrès, ce qui veut dire qu’elle était suivie et tout à la « maison ». Ceci révèle une volonté d’intégration énorme, et non. On les jette. Mais putain, c’est si compliqué de prendre ce paramètre en compte ??? Ca me renverse proprement.

Caliméro a bien raison.

C’est vraiment trop injuste…

Calimero

Haut les mains, peau d’lapin, la maîtresse en maillot d’bain !

Oui, je suis maîtresse d’école.

Et oui, je suis maman d’une dragonnette-à-couettes qui est en Grande Section de maternelle.

Je me sens donc doublement concernée et consternée par la politique éducative du gouvernement, qui « dépouille l’école » pour reprendre les mots du « Collectif contre le dépouillement de l’école » (bah oui, forcément…).

 

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Afin d’alerter l’opinion, certains profs ont posé dénudés pour faire un calendrier.

Si tu cliques sur l’image ci-dessous, tu atterriras sur la page où tu peux télécharger gratuitement ce calendrier, mais aussi, via le menu en haut, lire le manifeste et signer la pétition (surtout).

Car c’est quand même l’avenir des gosses de ce pays (et donc notre avenir…) qui est en jeu.

Allez, clic-clic-clic !!!

 

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[…]

Ca y’est, t’es revenu(e) ?

Tu préfères qui ?

 

Je dois bien avouer un faible pour le prof de français, très « Mens sana in corpore sano » (bon, l’Esprit Sain, le père et le fils, m’en fout un peu, mais le corps sain… mmmhhh…)

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Mais je ferais bien aussi des exercices physiques (euh… de physique, pardon…) avec celui-là…

 

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A moins que ne me remette au sport, finalement… Ils ont la barre (euh… ils ont mis la barre) très haut.

 

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Et dire que je travaille à l’Eduknat’…

Imagine les collègues que j’ai…

Alors, jaloux(se) ?

La maîtresse aux pieds nus

Comme tu le sais peut-être ou pas, je suis maîtresse d’école. Du masculin « maître d’école » comme Coluche dans le film éponyme.

Mais alors vraiment dans le même style, quoi. Le coup du poulet aux hormones, j’aurais pu le faire.

Genre, j’avais acheté « Le Guide du Zizi Sexuel de Titeuf » pour le mettre à la bibliothèque dans ma classe unique (du CP au CM2). Ca avait révolté des collègues, qui  ne jugeaient que sur la jacquette qui fait pas le moine, car ils ne l’avaient même pas lu. Et il est très bien fait, ce livre, notamment pour tout ce qui a trait à la pédophilie, l’inceste, la maltraitance… Les gosses devaient être âgés de 9 ans révolus pour pouvoir l’emprunter. Je te dis pas l’engouement autour !!! Un peu comme avec le livre empoisonné dans « Le Nom de la Rose »… Mais au moins ils lisaient, et ils apprenaient des trucs !!!

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Bref.

Toutes ces digressions pour te dire que je suis maîtresse d’école (bis), mais qu’en ce moment, et pour la deuxième année, je ne travaille pas au sein d’une classe, mais de l’Inspection de Circonscription (le bébé de l’Inspection Académique du département). Et ce dans le cadre d’un PACD (Poste Adapté de Courte Durée) pour raisons de santé. Si tu as déjà arpenté les méandres de ma Mare, tu sais qu’il m’est arrivé des gros pépins avec mes boyaux et tripes en même temps que la naissance de Crapouillette Ière, qui va fêter bientôt ses 5 ans.

Depuis, j’ai grosso modo passé 4 ans en longue maladie, mais avais essayé de reprendre une classe à la rentrée 2008. Des CE2 très sympas, dans une école énorme (moi qui venais d’enseigner 2 ans en classe unique et qui adorais ça, j’y ai trouvé rude…) avec des collègues avec lesquels j’ai pas accroché. J’ai tenu 3 mois, et j’ai fini dans un état lamentable. « Asthénie sévère » et « épuisement » figuraient sur mes arrêts de travail. Eh oui, c’est très crevant, comme boulot, malgré la rumeur institutionnalisée qui prétend le contraire !

Alors, depuis la rentrée 2010, je bosse dans un bureau. J’ai commencé à mi-temps, pour arriver à un 3/4 temps actuellement. Mais la grande nouveauté de cette année, c’est que je vais me refrotter à des élèves pour voir si je suis capable de résister aux divers microbes, bactéries, mycosités, eczémas, impétigos, et cochonneries diverses que les morveux aux chandelles vertes véhiculent et partagent allègrement.

Plof, un truc visqueux vert…

Froutch, un machin gluant jaunâtre…

Et ce matin, eh ben c’était MA rentrée !

Le baptème du feu !

Institutor, le-Retour-de-la-Vengeance-du-Fils-de-la-Mort-qui-tue !

Je me suis retrouvée à faire la classe à des Moyenne Section (4 ans) pendant que leur maîtresse amenait ses CP à la piscine.

Même pas peur, dis donc !

J’étais même stressée de pas être stressée, t’y crois, ça ?

Bon, ça m’a pas empêchée de faire mes cauchemars habituels de rentrée, avec moi en retard, moi sans fiches de prép’, moi à poils, des collègues qui me bizutent en me laissant toute seule dans l’école, avec des gamins que Voldemort à côté, c’est Angélique Marquise des Anges.

Mais bon, tout s’est bien déroulé, même que Crapouillette Ière a même pas pleuré ce matin quand je l’ai posée à la garderie !!! Rhâ lovely, et un putain de grand merci à sa maîtresse qui l’a chopé entre quatzyeux et a manifestement su trouver les mots !

Donc, cool. 18 minots sympas, qui brassouillent un peu, mais c’est normal, c’est des gosses.

Toutefois, ça faisait pas un quart d’heure que j’étais dans la classe, on était au coin regroupement, eux sur les bancs, moi sur une mini-chaise où j’ai eu du mal à caser mon popotin (autant te dire que ce dernier mot est un euphémisme…) que je les voyais qui me lorgnaient attentivement les pieds.

Pourtant, j’étais sure de les avoir lavés, ce matin…

Mes spartiates en cuir naturel Kickers étaient jolies, je m’étais épilé les guiboles, dont les mollets dépassaient de sous mon boyfriend retroussé…

Jusqu’à ce que le plus hardi se décide :

« Maîcresse… (bien insister sur la prononciation et la durée (5 secondes minimum) du son « è ») »

« Oui, Roger ? » (*)

« Pourquoi t’as de la peinture jaune sur les pieds ? »

« Keouâ ??? », m’invectivai-je violemment en mon for intérieur, « me serais-je déjà inopinément renversé de la gouache sur les arpions ??? »

Ah ben en fait non, ce n’est que mon vernis à ongles jaune piqué à ma soeur suite à la fièvre jaune chopée chez Arwen !!!

Ou encore démonstration magistrale : comment pondre un article à la con pour alimenter son blog quand on n’a pas d’inspiration !!!

Mais bon, j’aime bien ces petits mots d’enfants, c’est ce qui fait un peu le sel du métier, et je suis trop contente de les avoir retrouvés !!! Je voulais simplement partager ma joie avec toi, ô lecteurtrice !

PS: bientôt en exclusivité intersidérale sur mon blog, les photos de ma manucure avec le OPI jaune gagné sur Chiffons & Co suite à l’infection par la sus-nommée fièvre jaune !!!

(*) Tu noteras au gré de mes billets estampillés Eduknat que mes élèves ont des noms très vintage…