XII – Le réveil
Puis le jour tant redouté de Rogue arriva. Le dix-huit décembre. Le jour des vacances de Noël qui dureraient deux interminables semaines.
Dans le deuxième appartement des cachots, la lumière était tamisée, le feu crépitait dans l’âtre, des bougies aux huiles essentielles d’ylang-ylang diffusaient leurs effluves capiteux et l’air vibrait aux notes des morceaux de l’album « Forever Changes » de Love. Miss Harrison était allongée à plat ventre sur son lit, vêtue d’un simple shorty de coton noir, tandis que Rogue lui massait le dos d’une manière particulièrement sensuelle.
– Je n’ai vraiment pas envie que tu partes, lui dit-il, l’air maussade. Qu’est-ce que je vais devenir, tout seul au milieu de mes chers collègues et de ces crétins d’adolescents pré-pubères ? se lamenta-t-il.
– Eh bien, comme les années précédentes, lui répondit Lyla d’une voix assoupie par le plaisir.
– Mais avant je ne te connaissais pas, c’était beaucoup plus facile… Tu vas où, déjà ?
– Chez mes grands-parents maternels dans l’Aveyron, ils ont une grande ferme et toute la famille s’y retrouve pour les fêtes…
– Et tu ne pourrais pas me rejoindre, le soir ?
– Ça va être compliqué… Je pourrais dire que je sors avec des copains de la petite école, mais une fois ou deux seulement, sinon ça va paraître louche…
– Tu n’as qu’à revenir que pour la nuit, suggéra Severus.
– Impossible, je dors dans la même chambre que ma sœur et mes cousines. Elles s’apercevraient de mon absence… Mais ne t’inquiète pas, je vais me débrouiller, je t’enverrai des messages par Penny Lane.
– Mmmh… Elle a intérêt à être rapide, ta chouette, grogna-t-il, l’air déçu.
– De toute façon, on se voit pour la St-Sylvestre. C’était prévu que je rentre à Oxford le trente et un. Mais je viendrai directement ici. Et puis, on a encore toute la nuit… dit-elle en se retournant.
Rogue se laissa envoûter par la vision du corps dénudé qui s’offrait à lui. Qu’elle était excitante… Puis soudain, Lyla se jeta sur sa baguette, la pointa rapidement sur Severus et dit vivement « Nudare ! » Un tourbillon de lumière blanche jaillit alors et alla s’enrouler autour de Rogue qui vit ses propres vêtements s’envoler à travers la pièce et se retrouva nu comme un ver en quelques secondes.
– Ah, c’est comme ça… murmura-t-il. Salax titillo ! rugit-il en braquant sa baguette sur Lyla, qui se tordit instantanément de rire sous l’effet du sortilège de Guili-guili.
Commença alors une de leurs batailles de sortilèges coquins. Severus lançait des « Medica Salax », Lyla répliquait par des « Garterbeltum » ou des « Rubber Corculum Sexum Occulto » (un sortilège particulièrement compliqué qu’elle avait médité pendant longtemps). Ils finirent dans une de ces étreintes passionnées qui leur étaient coutumières, et s’endormirent sans penser au lendemain qui signerait leur séparation momentanée.
Severus se réveilla dans la nuit, tremblant et couvert de sueur. La Marque des Ténèbres le brûlait cruellement. Il n’osait pas bouger, de peur de réveiller Lyla qui dormait blottie contre lui, la tête sur son torse. Mais la douleur devenait intolérable. Il fallait absolument prévenir Dumbledore. Il se dégagea doucement, déposant un tendre baiser sur le front de la jeune femme. A la lueur des braises mourrant dans la cheminée, il s’habilla en silence, récupéra sa baguette et griffonna une note sur un morceau de parchemin qu’il déposa sur la coiffeuse. Il murmura « Ruber Corculum » en pointant sa baguette sur le petit mot, puis sortit en prenant soin de se dissimuler sous la cape d’invisibilité.
Il s’arrêta chez lui pour poser la cape et courut chez Dumbledore. Arrivé devant la gargouille, il dit « Pommes, poires et scoubidous » et emprunta l’escalier tournant. Il entra dans le bureau directorial circulaire en appelant Dumbledore, qui arriva quelques instants plus tard, vêtu d’une robe de chambre en velours pourpre et d’un bonnet de nuit assorti.
– Severus ? Mais que se passe-t-il ? demanda Dumbledore d’une voix inquiète.
– Albus… La Marque des Ténèbres… marmonna-t-il en lui montrant son avant-bras gauche. Il revient, parvint-il à dire dans un souffle avant de s’effondrer quasiment inanimé sur le sol, le visage déformé par la souffrance.
Tout à coup, les portes du bureau s’ouvrirent à la volée, laissant entrer Sirius Black et Remus Lupin. Une ordure et un loup-garou… Quel tandem… Ils se figèrent quelques instants à la vue de Dumbledore déjà levé et de Rogue étendu par terre.
– Que se passe-t-il ? demanda alors Dumbledore.
– Albus, on signale des regroupements de Mangemorts un peu partout. Ils ont semé le chaos dans un match de Quidditch, dans une boîte de nuit et dans un mariage entre un sorcier et une moldue ! Ils ont maltraité les convives et ont fait apparaître la Marque des Ténèbres ! expliqua rapidement Lupin.
– Severus venait m’avertir du retour imminent de Voldemort, ajouta Dumbledore, voyant les regards perplexes que Lupin et Black posaient sur Rogue.
– Ce traître ! cria Black avec des yeux de déments. Vous l’écoutez encore ? Il ment, c’est évident ! Il était au courant de tout et n’est venu vous prévenir qu’après pour faire bonne figure ! Allez, Servilus, arrête de faire semblant, lève-toi ! hurla-t-il en lui mettant un grand coup de pied dans les côtes.
Rogue, toujours au sol, se convulsa sous l’effet des deux douleurs conjuguées.
– Arrête tout de suite, Black, ou tu vas le regretter, lâcha-t-il dans un râle en cherchant sa baguette.
Lupin se jeta alors sur Black pour le maîtriser pendant que Dumbledore aidait Severus à se relever et à s’asseoir. Son visage exsangue ruisselant de sueur était creusé par de profonds cernes, et ses fines lèvres étaient presque bleues.
– Severus, ça va ? lui demanda Dumbledore, l’air soucieux.
– Oui oui, bredouilla-t-il en recouvrant peu à peu ses esprits.
– Vous savez quoi faire… Allez-vous y parvenir ?
– Oui, répondit Rogue, bien décidé à assumer son rôle d’espion. J’y vais.
Il se leva en chancelant, tituba jusqu’à la cheminée dans laquelle il entra. Il prit alors une poignée de Poudre de Cheminette qu’il jeta dans l’âtre en prononçant aussi clairement que possible « Impasse du Tisseur ». Et il disparut.
Le lendemain matin, Lyla se réveilla en cherchant instinctivement son amant de la main. Mais le lit était vide. Elle fouilla alors la pièce du regard. Pas de Severus, mais un cœur rouge vaporeux flottait au-dessus de la coiffeuse. Elle s’y dirigea alors et trouva un parchemin qu’elle lut immédiatement.
Ma douce,
J’ai dû partir d’urgence voir Dumbledore. Je pense devoir partiren mission pour l’Ordre du Phénix.
Reviens vite. Je t’aime.
Severus
Elle resta immobile un instant, le teint pâle et l’air inquiet, fixant le parchemin d’un regard vide. Elle le reposa enfin avant d’aller à la salle de bain, d’où elle ressortit un quart d’heure plus tard, vêtue à la mode moldue, d’un jean taille basse et d’un simple chandail noir. Elle prit alors sa baguette à laquelle elle imprima un mouvement circulaire en disant d’un ton morne « Failamalle ». Son légendaire sourire s’était effacé de son visage, laissant la place à des traits tirés. Tandis que ses bagages se faisaient tout seuls, elle écrivit un mot sur un parchemin, qu’elle scella en disant « Dionysos ». Elle fila le déposer chez Severus en prenant mille précautions pour ne pas être vue, et revint tout aussi rapidement. Elle mit sa malle dans la cheminée où elle entra elle-même, et jeta une poignée de Poudre de Cheminette en disant sans grande conviction « 7, Canal Street, Oxford » avant de disparaître dans les flammes vert émeraude.
De son appartement, elle transplanerait jusque chez ses parents en Bourgogne, qui l’emmèneraient en voiture jusqu’en Aveyron où elle passerait les fêtes de Noël.
Sans Severus.
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Alors alors…
Petit lexique latin de cuisine(L), anglais (A), moldu (M) etc
Medica (L) : infirmière
Garter belt (A): porte-jarretelles
Ruber (M) : rouge
Corculum (L) : coeur
Occulto (L) : cacher
Maintenant, je te laisse relire et visualiser les différents effets des sortilèges !