Que ma joie demeure

Non, je ne vais pas te parler du roman éponyme de Jean Giono, mais du spectacle d’Alexandre Astier dont le titre fait référence à la cantate n°147 de Jean-Sébastien Bach, nommée « Jésus que ma joie demeure ».

Oui, j'étais joie

Oui, j’étais joie

Et ça tombe bien, n’est-ce pas, puisque la pièce lui est consacrée.

Consacrée, comme la musique de Bach, compositeur génial de musique baroque sacrée (en opposition à la musique profane, donc) (et donc consacrée dans le sens religieux du terme) (ben oui, faut suivre !) à cheval sur le XVIIème et le XVIIIème siècle.

Ce spectacle, écrit et interprété par Alexandre Astier (le Roi Arthur de sa géniale série Kaamelott) et mis en scène par Jean-Christophe Hembert (le chevalier Karadoc de Vannes dans Kaamelott toujours…) est donc en fait une leçon de musique que Bach nous donnerait à nous, pauvres pècheurs édentés puant du bec, des arpions et le graillon, rassemblés dans la salle de l’école de musique Saint-Thomas à l’occasion de la journée portes ouvertes.

Et ça, pour une leçon, c’en est une !

J’ai appris plein de trucs sur la musique, et en plus, je me suis marrée comme une baleine ! Car OUI, ce spectacle est avant tout drôle. Très drôle. Extrèmement drôle. Voire dangereux pour les zygomatiques tellement ils sont mis à rude épreuve pendant 1h40 (et même un peu plus pour nous, public lyonnais exemplaire, car Mr Astier nous a fait l’honneur de nous faire chanter lors d’un rappel épique, je dois dire. Cela dit, son sol dièse m’a donné du fil à retordre, mais c’est quand même pas grave).

Mais ce spectacle n’est pas que drôle.

Il est également intelligent, et érudit, tant sur la vie de JS Bach que sur sa musique, que sur LA musique en général. Noiresoupe, ma BFF avec qui je suis allée voir la pièce, qui admet humblement n’avoir aucune éducation musicale ni culture classique, m’a avoué avoir quelque peu pataugé lors des passages exclusivement musicaux, mais ceci ne l’a en aucun cas empêché de se marrer comme un bossu (même si elle admet n’avoir certainement pas saisie toute la quintessence de la pièce).

J’ai particulièrement apprécié la leçon sur les musiques du monde, et notamment la musique africaine, qui remet bien les pendules à l’heure… Et écouter Alexandre Astier modifier un petit passage d’un morceau de Bach en le jouant selon différentes mesures au clavecin pour nous montrer la complexité de cette musique est un moment de pur bonheur.

LE clavecin

LE clavecin

Tout comme à chaque fois qu’il joue, remarque. Comme quand il se moque de l’opéra italien, ou qu’il joue de la viole de gambe à la fin, moment particulièrement émouvant.

Car il y a de plus beaucoup d’émotion dans cette pièce, tenant au fait que Astier/Bach évoque le décès d’un de ses enfants (Bach a perdu 10 de ses 20 enfants).

Et dans ces moments-là, on découvre tout le talent d’Alexandre Astier, musicien et comédien accompli, qui tour à tour me fait penser à Louis de Funès dans sa gestuelle, à Bourvil tant il sait nous faire passer en un instant du rire aux larmes, à Charlie Chaplin pour la somme de ses talents (comédien, auteur, réalisateur, scénariste, musicien, compositeur…)

De plus, on ne s’ennuie jamais durant cette « heure-quarante ». Le rythme est soutenu, et surtout, grâce à un subtil jeu de lumière sur la scène épurée, on alterne entre différents lieux, différents moments, différentes « réalités » (on a par exemple accès aux pensées de JS Bach quand uniquement A. Astier est éclairé par une lumière jaune).

Ce spectacle est un condensé de bonheur, en ce qui me concerne. Intelligent, éudit, vif, drôle… En un mot : un chef d’oeuvre (oui, certes, y’en a deux) (de mots).

Ce n’est pas pour rien qu’il a été récompensé par l’Académie Française !

Par ailleurs, ce spectacle est déjà sorti en DVD.

Mais comme Monlolo n’a pas encore vu le spectacle (cet %!*$#@£ n’a pas voulu venir avec moi quand j’ai pris les places, il s’en boufferait les « yôyes » aujourd’hui) (bien fait), je ne l’achète pas encore, en espérant qu’Alexandre Astier rajoute quelques dates de représentation en 2013 ! Car personnellement, je retournerai le voir volontiers !

En attendant, patientons avec la bande-annonce !

Que ma joie demeure encore longtemps après cette représentation…

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« Romans de la Table Ronde » de Chrétien de Troyes

Premier romancier, premier poète national, admirable maître d’oeuvre tant des romans de courtoisie que du roman mystique de Perceval, Chrétien trouve chez le lecteur d’aujourd’hui la même complicité que chez son auditeur des assemblées médiévales. C’est tout le symbolisme des vieux contes de Celtie ou de Rome qui revit à travers les mille péripéties et mystères du cycle courtois. L’amour y est valeur suprême. De lui procèdent les aventures dans lesquelles s’éprouvent les chevaliers qui hantent la cour d’Arthur, les forêts, les fontaines, les landes, rivages et châteaux enchantés : Érec et Gauvain, Cligès, Lancelot et Yvain. Voici la plus séduisante ouverture de nos lettres.

Je me suis plongée dans ce livre que Monlolo (alias mon cher et tendre) possède et a lu depuis belle lurette pour une simple et bonne raison. : remonter à la source pour bien mesurer le génie, comprendre l’intention d’Alexandre Astier quand il tourne Kaamelott.

En effet, j’ai récemment découvert cette série, et avec Monlolo, on en est devenu dingues !!! Cela étant, comme tout y respire l’intelligence malgré le ton complètement déjanté (le mélange des genres, j’adore) (tu l’auras déjà remarqué), j’ai voulu en saisir la moindre parcelle pour être sure de bien tout comprendre. Je connais la légende arthurienne, j’ai lu « L’Enchanteur » de Barjavel, le cycle du Graal de Jean Markale, j’ai vu le « Merlin l’Enchanteur » de Disney, l' »Excalibur » de John Boorman, « Le Roi Arthur » avec Clive Owen et Keira Knightley, je suis allée en Bretagne dans la forêt de Brocéliande (tombeau de Merlin, fontaine de Jouvence, Val sans Retour, le Lac, l’Arbre d’Or…), et je me suis rendue compte que si c’était toujours un peu pareil, c’était aussi et toujours surtout différent.

Le propre de la légende, quoi…

Je pensais donc qu’avec Chrétien de Troye, j’allais avoir la génèse de la légende arthurienne. Et ben que nenni ! Car déjà, lui a écrit une interpétation tardive, tout comme Geoffroy de Monmouth chez les Britons. De quoi y perdre son vieux français (à défaut de son latin).

Alors bon, j’ai tout de même commencé la lecture de ce grand classique, avide de chevaliers,  de tournois, quêtes et combats contre des dragons et enchantements divers et variés.

Ben j’ai vite déchanté.

Car pas de tout ça, non non.

Mais de l’amour courtois en veux-tu en voilà ! Mais que ça m’a gonflée !

Car en fait, en guise de légende arthurienne telle que le commun des mortels (genre moi) la connait, on a surout les deux derniers « romans », à savoir « Lancelot le chevalier à la charrette » et « Yvain le Chevalier au Lion ».

Parce qu’en fait, « Romans de la Table Ronde » est un livre qui compte quatre « nouvelles », les deux premières étant « Erec et Enide » et « Cligès ou la Fausse morte » (et les deux dernières les sus-nommées)

En soi, « Erec… » et « Cligès… » ne sont pas pourries, loin de là, mais je les trouve gnan-gnan. Oh oui, je t’aime, je vais te montrer ma valeur et te démontrer mon amour en allant combattre des méchants ! On se croirait plus dans un épisode des Power Rangers que dans une quête épique et chevaleresque rythmée par la Carmina Burana.

Pis les histoires de coucheries, même si elles concernent le beau et chaste Lancelot du Lac (lance l’eau du lac ???) et la Reine Guenièvre, ben moi ça me gonfle.

Ouais… Mmmmhhhh… Remarque, je la comprends un peu, Guenièvre…

Par contre, la donne change un peu avec la dernière histoire, à savoir « Yvain le Chevalier au Lion ». On y retrouve plusieurs éléments de la Légende, les personnages, la magie, les quêtes épiques… Je l’ai beaucoup aimé (contrairement aux autres, donc), mais certainement parce que elle correspond à ce que je recherchais quand j’ai commencé la lecture de ce livre.

Lecture, qui, d’ailleurs, m’a pris un temps fou !

Car le langage utilisé n’est pas le nôtre. Pas du vieux français non plus, mais une « traduction » assez réussie, je dois dire, de Jean-Pierre Foucher. On comprend bien tout, c’est bien teinté médiéval, ça se lit bien, mais néanmoins, ce n’est pas fluide comme du français actuel. On ne peut pas anticiper sur le mot qui va suivre, la syntaxe est « inversée »… Il faut donc lire avec une attention soutenue, je trouve. Mais c’est une bonne expérience, surtout pour une maîtresse d’école (que je suis encore un petit peu) qui se rend compte de ce que ça doit être au quotidien pour un lecteur débutant !

Ces romans m’ont donc laissé une impression assez mitigée. Déçue par les trois premiers qui ne causent qu’amour courtois, j’ai été emballée par le dernier : « Yvain le Chevalier au Lion », ce qui laisse présager de bonnes choses pour la suite, à savoir « Perceval ou le Roman du Graal ».

La suite bientôt, donc !

PS : si tu aimes mes articles « bouquins », tu peux me suivre sur mon autre blog qui leur est réservé : Marelivraudages !

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